
Qu'ont en commun des fourmis, des éléphants, des lions de mer, des hippopotames, des chevaux et des dauphins? Ce sont des espèces qui, un jour ou l'autre, ont déjà pris l'avion... Et transporter de façon sécuritaire des animaux hors de l'ordinaire est toujours un défi pour les compagnies d'aviation. C'est d'ailleurs devenu une spécialité chez Air France, qui a même a embauché une vétérinaire... de l'air.
La Dre Meriem Touisi-Saadi est responsable de la réglementation et des transports spéciaux à Air France pour les 150 escales de la compagnie française dans le monde.
«Un jour, on nous a demandé de transporter des fourmis pour des scientifiques français. À première vue, cela ne semble pas très compliqué, dit-elle. Mais la particularité était qu'il fallait les transporter sans les renverser et en évitant les chocs trop importants, car elles étaient dans des sortes de gros champignons, un style de fourmilière, pour éviter le stress.»
Air France n'utilise les vols passagers que pour les chiens, les chats et les serpents. Pour les autres animaux, c'est le cargo qui prend la relève, par exemple pour les chevaux participant à des compétitions internationales de polo. «Tous les ans, de mars à juin, on transporte des chevaux de grande valeur entre Buenos Aires et Paris ou Dubaï», précise Mme Touisi-Saadi.
La vétérinaire s'occupe aussi du transport de dauphins. Le conteneur dans lequel l'animal est soutenu par une ventrière (genre de civière avec des orifices pour les nageoires) doit être bien étanche, car pendant le transport, le dauphin doit être régulièrement humecté par l'accompagnateur. «Il faut éviter tout écoulement d'eau dans la soute, compte tenu de la présence de nombreux câbles électriques», ajoute la vétérinaire.
Voler avec un hippopotame
Des organismes de protection des animaux lui demandent parfois de les aider pour des transports spéciaux. Ainsi, Air France a transporté un hippopotame d'un cirque parisien entre la France et l'Afrique du Sud pour aller le remettre dans la nature. À l'aéroport Charles-de-Gaulle, de Paris, la compagnie aérienne dispose d'une station animalière qui héberge les animaux en transit, pour les dégourdir, les nourrir, les soigner, les nettoyer et finalement les dédouaner. Certaines bêtes peuvent paniquer au décollage ou en cas de trou d'air. Elles ont donc besoin d'être assistées. La vétérinaire explique que ses services - elle a sept cadres sous ses ordres, chacun est responsable d'une spécialité particulière - doivent être très vigilants en ce qui a trait au commerce animalier, notamment celui des reptiles et des oiseaux. «Il y a par exemple un trafic de reptiles entre l'Afrique et les États-Unis, dit-elle. On doit donc toujours vérifier l'identité de ceux qui exportent de tels animaux. Le respect de l'environnement et de la faune est très important pour nous. On travaille donc exclusivement avec des gens qui font régulièrement des envois de reptiles et qui ont signé des lettres d'engagement.» À cause de la grippe aviaire, il y a actuellement un embargo sur le transport des oiseaux. «On ne connaît pas toujours l'historique du volatile, explique-t-elle. C'est sûr qu'il peut y avoir des dérogations pour un voyageur qui émigre avec son oiseau.» Parfois, le transport peut mal se passer et l'animal meurt. Air France est assurée. Elle demande chaque fois une autopsie. «Le plus souvent, la mortalité vient du fait que l'animal était âgé, dit-elle. C'est pour cela que lorsqu'on prend en charge un animal, on vérifie son âge.»
Plus qu'une vétérinaire
Mme Touisi-Saadi est aussi responsable du transport des denrées périssables, notamment alimentaires; les produits de construction ou de grande valeur- bijoux, tableaux, collections haute couture. Elle organise aussi le transport d'organes vitaux (coeurs, poumons, etc.) pour les greffes. Et même des hélicoptères! Meriem Touisi-Saadi est habituée aux gros morceaux: les réacteurs d'avion, les satellites en partance pour Kourou, en Guyane française. Non seulement, ce sont des objets encombrants. mais ils sont aussi très fragiles. Air France transporte aussi, en moyenne deux fois par an, des voitures de Formule 1. «Nous avons été sollicités pour Indianapolis en juin et nous le sommes pour le Grand Prix du Japon, fin septembre. Je dois m'occuper du transport des voitures, des pneus, de l'essence, des moteurs: 105 tonnes de matériel entre Londres et Nagoya.» La dame adore son boulot. «C'est un vrai plaisir de travailler aux transports spéciaux car les demandes ne sont jamais les mêmes. Un jour, un musée nous donne le mandat de transporter un tableau et le lendemain, c'est un animal de cirque. On apprend tous les jours car en l'air, ce ne sont jamais des conditions naturelles.»
Fragiles, les abeilles...
Air Canada Cargo transporte aussi de gros animaux, du bétail et des chevaux de course, mais ses espèces les plus originales sont les abeilles et les homards. Chaque fin d'année, Air Canada Cargo transporte des centaines de tonnes de homards vivants dans des boîtes contenant de la glace, des algues et un haut taux d'humidité afin d'arriver en moins de 48 heures sur les tables des gourmets européens. L'entreprise canadienne a aussi déjà fait voyager des abeilles entre la Nouvelle-Zélande et le Canada ces dernières années. Chaque printemps, un million d'abeilles, dont une cinquantaine de reines, quittaient la Nouvelle-Zélande pour venir butiner dans nos grands espaces durant l'été. Et ces mêmes abeilles (moins celles qui étaient mortes) retournaient en Nouvelle-Zélande à l'automne, pour l'été austral.
Merci pour cet article vraiment très intéressant :-)
On en apprend tous les jours ;-)
Rédigé par : le voyageur | 28 sep 2007 à 12h06